Pouvez-vous nous parler de votre parcours et votre implication dans le dossier UNESCO ?
Un
parcours qui remonte à l’enfance si j’en crois mes sœurs qui m’ont
rappelé récemment à quel point je leur cassais les oreilles avec les
Hommes préhistoriques.
Après
m’être tout d’abord dirigée vers des études de sociologie, j’ai
rapidement bifurqué vers la préhistoire pour tenter d’en approcher les
sociétés, et notamment les sociétés néolithiques à travers l’exploration
des ruines de leurs réalisations les plus monumentales : les
mégalithes. Loin d’être linéaire, cette trajectoire professionnelle
jalonnée de nombreuses rencontres, d’échanges, de réflexions et de
pratiques diversifiées (prospections, fouilles, prescriptions,
enseignement, édition, etc.) est plutôt sinueuse passant et repassant
toutefois souvent sur de mêmes lieux et devant les mêmes objets. Autant
d’expériences qui font que cette implication à la fois dans la
recherche, la protection, la conservation mais également la diffusion
des savoirs, a été et est toujours régulièrement sollicitée dans le
cadre de ce dossier de demande d’inscription au Patrimoine Mondial non
seulement des alignements de Carnac, mais de tout l’ensemble
architectural de mégalithes qui leurs sont liés.
Pourquoi ce territoire de mégalithes est-il exceptionnel et unique ?
Il
y a bien sûr d’autres lieux, d’autres centres dynamiques qui relèvent
d’un fond culturel très proche. Pour autant, le secteur géographique qui
s’étend de la ria d’Etel à la ria de Pénerf se distingue très nettement
par une concentration hors norme de pierres dressées (12000 stèles sur
150 sites), de tombeaux monumentaux (+ de 300), d’objets réalisés dans
des matériaux rares d’origine lointaine (jades, variscites et
turquoises) pour être déposés en des lieux singuliers et, bien sûr, par
une profusion de signes gravés constituant un registre unique en Europe à
cette époque qui remonte à 6900-6700 avant le présent.
Selon vous, pourquoi est-ce important d’inscrire les mégalithes des rives du Morbihan au patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Parce
qu’il s’agit d’une véritable reconnaissance internationale de la valeur
exceptionnelle de cet ensemble architectural et paysager qui se
distingue par sa démesure et témoigne de la puissance et du génie
créateur extraordinaire de ces sociétés à travers de nombreuses
innovations (architecturales, symboliques, artistiques, techniques,
etc.) non seulement remarquables mais fastueuses à une époque clé de
l’histoire de l’humanité qu’est le Néolithique.