La Valeur Universelle Exceptionnelle du Bien (VUE)

La VUE, colonne vertébrale du dossier d’inscription, signifie selon l’UNESCO « une importance culturelle tellement exceptionnelle qu’elle transcende les frontières nationales et qu’elle présente le même caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité ».  Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir et écrire une Valeur Universelle Exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection.

 

 

Notre dossier répond à trois critères :

I. Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain

Les rives du Morbihan rassemblent des sites et monuments de renommée mondiale, comme ceux de Carnac, de Locmariaquer (le Grand Menhir) ou de Larmor-Baden (Gavrinis). Ce complexe se déploie sur plus de 100 km2 et associe tombeaux monumentaux et ouvrages de stèles. Il constitue une réalisation architecturale et artistique unique, tant par son ampleur que par son originalité. L’ordonnance des édifices, en symbiose avec le paysage, forme un espace symbolique souligné par un programme iconographique original et des dépôts d’objets polis hautement valorisés. Autant les monuments que les gravures et les objets-signes témoignent de prouesses techniques et artistiques impliquant, par exemple, la manutention de milliers de tonnes de terres et de pierres. L’art de couvrir stèles et parois des tombeaux de scènes iconiques ou narratives atteint ici un sommet pour le Néolithique européen.

II. Témoigner d'un échange d'influences considérable

L'un des critères auquel correspond notre dossier est le fait qu'il témoigne d'un échange d'influences considérables. Ces influences se sont exercées pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages. 

Le phénomène mégalithique autour de la Petite Mer porte témoignage de l’existence d’un pôle de pouvoir qui a connu un rayonnement considérable aux temps des premières sociétés néolithiques, entre 5 000 et 3 000 ans avant le présent. Menhirs, tumulus et dolmens structurent le paysage depuis le Néolithique. La diversité remarquable de ces architectures rend compte d’un jeu d’influences et de transferts sur tout le continent européen, et en particulier le long de sa façade atlantique. Les programmes iconographiques élaborés en Morbihan trouveront un écho sur les stèles et les rochers naturels en Bassin parisien, Bourgogne, Suisse, nord de l’Italie, et probablement aussi en Galice et au sud du Portugal. Les dépôts mobiliers (haches et bracelets en jade, perles en pierres semi-précieuses) témoignent également de circulations de matières premières rares et d’objets de haute valeur sur des distances pouvant atteindre 1 200 kilomètres.

III. Offrir un exemple éminent d'un type de construction, d'ensemble architectural, technologique ou de paysage

Le troisième critère auquel correspond notre dossier est le fait d'offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine.

Aux débuts du Néolithique, à travers l’édification de tombeaux aux proportions impressionnantes, l’enfouissement de dépôts d’objets en des points névralgiques du paysage, et la construction de vastes alignements de stèles, l’être humain établit une relation nouvelle à son environnement. Certaines stèles sont en outre travaillées, et certaines sont parfois gravées de signes en rapport avec une cosmogonie dont la symbolique s’éloigne de celle des populations de chasseurs-cueilleurs.

Au cours du Néolithique, plusieurs de ces édifices ont été modifiés, et d’autres ont été construits autour des précédents pour former de véritables suites monumentales. Ces innovations architecturales et iconographiques, parmi les plus anciennes connues en Europe occidentale, incarnent des changements majeurs dans l’organisation économique et culturelle des sociétés (dont la hache polie est l’objet emblématique) ; changements dont la portée est significative dans l’histoire de l’humanité. Les édifices construits sont, encore aujourd’hui, spectaculaires, et révèlent l’ingéniosité, l’investissement humain et le savoir-faire technique de ces sociétés d’agriculteurs-éleveurs pour extraire, transporter et mettre en œuvre des volumes de terres et de pierres considérables. Des blocs, atteignant jusqu’à 330 tonnes, ont été déplacés sur 5 à 10 kilomètres, en franchissant parfois des voies maritimes.